“En le remplissant de désirs…”
(Sonnet 136)
| Dans ce numéro:
“Non, tu ne te vanteras pas de me faire changer, ô Temps !”
(Sonnet 123)
| Message de la Directrice Artistique
Faire du théâtre en ce moment est surréaliste. Ne vous méprenez pas, c’est excitant d’être dans une pièce avec des créateurs (masqués, aseptisés et suffisamment distants !), d’assister à des réunions de production (parfois sur le zoom, parfois en personne à l’extérieur), d’engager des membres de l’équipe et toutes ces choses (en quelque sorte) « normales » de la création théâtrale… Mais c’est aussi étrange et lent et tout sauf normal.
L’un des aspects les plus étranges est que nous ne savons pas encore vraiment ce que nous pouvons vous dire. Il y a encore tellement de détails à régler, tellement de protocoles (en évolution) à mettre en place, tellement de scénarios à imaginer, tellement de parties prenantes avec, eh bien, quelque chose en jeu. Nous n’essayons pas d’être timides, mais nous sommes encore en eaux inconnues, comme beaucoup d’entre nous le sont encore.
Voici ce que je peux vous dire : Nous appelons cet été Summer of Sonnets, et nous travaillons sur un spectacle live à petite échelle basé sur (vous l’avez deviné) les sonnets de Shakespeare. Du moins, certains d’entre eux (il y en a 154 après tout). Nous nous présenterons entre le 21 juillet et le 7 août. Nous allons également enregistrer certains sonnets, créer de nouveaux sonnets, organiser des ateliers… Tout cela est très différent de notre tournée habituelle Shakespeare-in-the-Park et pourtant, il s’agira toujours (sous une forme ou une autre) de Shakespeare, dans un parc. Donc, peut-être pas si différent.
Je suis sûr que vous avez de nombreuses questions. J’aimerais pouvoir vous offrir plus de réponses. J’espère que ce sera bientôt le cas. Une question que vous vous posez et à laquelle je peux répondre est « Pourquoi les sonnets ? » Eh bien, Shakespeare se tournait souvent vers la poésie lorsque les théâtres fermaient à cause de la peste, alors il semble juste de se tourner vers ces petites pépites réfléchies maintenant. Les sonnets sont aussi souvent des méditations sur le temps, l’amour, la perte et ce qui survivra après notre mort, ce qui semble très pertinent en ce moment. De plus, je ne sais pas pour vous, mais je me sens un peu fragile ces jours-ci, alors que nous sortons tous de nos cocons isolés et que nous essayons de nous rappeler comment être à nouveau ensemble. Les sonnets étaient censés rester privés et n’étaient pas destinés (pour autant que nous le sachions) à être joués, et les interpréter semble donc incarner ce sentiment d’hésitation, de vulnérabilité, qui consiste à émerger de ses pensées privées dans un espace public. Et pourtant, elles peuvent aussi avoir un caractère ludique qui est si énergisant et nourrissant… Je pourrais continuer ! Mais je vais vous laisser avec l’un de mes préférés pour le moment, et j’espère que nous aurons bientôt d’autres choses à partager.
Sonnet 29
Lorsque, en disgrâce auprès de la fortune et des hommes, je pleure tout seul sur ma destinée proscrite ; lorsque, troublant le ciel sourd de mes cris stériles, je me regarde et maudis mon sort ;
Quand, jaloux d’un autre plus riche d’espérance, je lui envie ses traits et les amis qui l’entourent, me souhaitant le talent de celui-ci et la puissance de celui-là, satisfait le moins de ce dont je suis le plus doué ;
Si, au milieu de ces pensées où je vais me mépriser moi-même, je pense par hasard à toi ; — alors, comme l’alouette s’envolant au lever du jour de la sombre terre, ma vie chante un hymne à la porte du ciel.
Car le souvenir de ton doux amour m’apporte une telle richesse que je dédaignerais de changer avec les rois.
“Pour quelque instant spécial le spécial bonheur de dévoiler de nouveau…”
(Sonnet 52)
| Un mot de Greg
Je pense qu’il y a un pouvoir profond dans la réinvention. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un choix délibéré, qui nécessite un examen minutieux d’un passé afin de créer quelque chose qui en est issu, mais en mieux. La réinvention est souvent quelque chose que j’ai aimé faire pour moi-même, même si parfois elle a été le résultat d’un dénouement de ma vie qui était un tel cratère métaphorique que mes choix étaient de me réinventer ou de rester dans ledit cratère. Après à peu près sept ans d’études dans une école d’art, j’arrive dans un monde artistique qui se restructure après une pandémie mondiale et qui doit faire face à son passé et à son avenir à tous les niveaux. L’incertitude n’est pas nécessairement un sentiment réconfortant, mais au moment où j’entame ce que j’espère être une carrière amusante et enrichissante, c’est un honneur d’être déjà sur le terrain pour observer la réinvention de la scène artistique montréalaise depuis l’équipe de l’une des institutions théâtrales les plus célèbres et légendaires du Canada.
Je m’appelle Gregory-Yves Fénélon et je serai l’assistant aux communications pour les prochains temps. Heureux d’être ici et à bientôt.
“Votre gloire trouvera place incessamment sous les yeux de toutes les générations.”
(Sonnet 55)
| Le Mois national de l’histoire autochtone – Une optique théâtrale
Le mois de juin marque le Mois national de l’histoire autochtone. Nous avons pensé inviter nos lecteurs à passer en revue certaines des pages (web) que nous avons lues nous-mêmes, afin d’explorer une petite partie de l’histoire indigène. Il va sans dire qu’un mois est un laps de temps trop court pour célébrer correctement une histoire, quelle qu’elle soit, mais nous pouvons espérer écouter et mettre en valeur au moins une petite partie de la myriade de récits et d’histoires autochtones qui méritent reconnaissance et attention. C’est avec cette mise en garde que nous proposons les ressources suivantes, qui se concentrent un peu plus sur le théâtre autochtone au Canada, alors que nous réfléchissons au sujet toujours déjà compliqué de la compréhension de l’indigénéité par Shakespeare. (*Note : Qualifier de » compliquée » la conception de l’indigénéité par le Barde est, de toute évidence, un euphémisme grossier, et nous devons être clairs dans notre reconnaissance et notre rejet des politiques méprisables, parfois horribles, qui surgissent dans le corpus de Shakespeare).
- Vous pouvez consulter le texte « Notre cheminement » du Dre Lindsay Lachance, du département de théâtre indigène du Centre national des Arts (et peut-être parcourir le site en général).
- L’Encyclopédie canadienne d’Historica Canada contient un solide article récapitulatif sur le « Théâtre par les Autochtones au Canada« .
- Theatre Alberta propose une liste restreinte de « ressources sur ou écrites par des autochtones canadiens » (VOA) concernant les arts de la scène autochtones.
- Voici un bref historique de Native Earth Performing Arts (VOA), la plus ancienne compagnie de théâtre autochtone professionnelle du pays.
- Pour une histoire plus contemporaine, Playwrights Canada Press propose une « bibliothèque » d’œuvres de dramaturges autochtones (VOA).
“Et où sont mes titres à tant de richesses ?”
(Sonnet 87)
| Recherché : Comptable
Repercussion Theatre est à la recherche d’un comptable pour passer quelques heures par mois à mettre à jour les dossiers financiers de la compagnie. Une expérience dans le secteur à but non lucratif/caritatif est un atout. Veuillez noter qu’il s’agit d’un poste à temps partiel. (Voir l’annonce complète (VOA) ici.)
Comme Repercussion s’adapte au milieu artistique profondément modifié en cette période de crise, nous vous demandons humblement de réfléchir à la possibilité de devenir un donateur mensuel, ou de faire une contribution de bienfaisance. | ||
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